Dessinateur et peintre, Jacques Donnay fait partie de ces privilégiés qui excellent dans les deux disciplines avec une aisance qui laisse pantois et qui pratique depuis longtemps déjà. Il n'aura, certes, pas mis longtemps à faire reconnaître un art pictural qui lui a déjà valu d'exposer un peu partout, même à Paris... et dans le Wisconsin.

Paysagiste et portraitiste, il reste essentiellement capteur des atmosphères du quotidien, des soirs d'automne et des levers de printemps, des reflets sur la Meuse, du bouillonnement de petites rivières ardennaises, des premières rosées de l'aurore ou de la touffeur des bois.

Ancré dans un Dalhem qui reste à la fois son inspiration première et le modus vivendi qu'il a choisi une fois pour toutes, il n'en saisit pas moins tout ce qui fait le charme des villages de Wallonie, des alentours de Liège ou de la région verviétoise, au coeur de l'Ardenne. C'est avant tout la nature qui inspire des compositions qu'on dirait fréquemment sortie d'un écran de cinéma.

Ce metteur en scène du poétique possède l'étonnant pouvoir créatif de faire pénétrer dans ses tableaux comme si, tout à coup, on ouvrait une fenêtre pour recevoir le décor en plein visage. Grâce à une technique personnelle peaufinée plusieurs années durant, il donne l'impression que sa vision de l'univers, en appelant aux quatre saisons, au vent, à la pluie, à la chaleur, se déroule vers le regardeur en livrant l'essentiel de son mystère.

Non content de saisir ce qu'on peut appeler l'âme du paysage, Jacques Donnay croque avec la même facilité des portraits de famille ou des têtes caractéristiques, des trognes à la Breughel qui ne sont pas sans rappeler des rencontres faites sur la Batte qui lui ont permis de réaliser, voici quelques années, un véritable livre vécu.

Quant à ses compositions imagées, programmes de théâtre ou autres affiches destinées à diverses promotions, elles tiennent la gageure de réunir en peu d'espace la totalité de mondes à découvrir : foisonnement de personnages et synthèse parfaite du thème décortiqué.

Polyvalent, Jacques Donnay le reste dans un art qu'il pratique en professionnel consciencieux et inspiré. Regarder, chez lui, est une passion que le savoir-faire de sa main traduit avec le même intense plaisir qu'on peut prendre à contempler ses oeuvres.

Jean Jour